Autisme genève - Colloque 2012
Theo Peeters – Les enjeux de la collaboration parents-professionnels
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EXTRAITS DE : « L’autisme : trucs d’enseignement pour enfants et adultes souffrant d’autisme » Par Temple Grandin (écrivain, chef d’entreprise et autiste de haut niveau)
Par Temple Grandin (écrivain, chef d’entreprise et autiste de haut niveau)
Traduit par Claude Jolicoeur, m.d. pédopsychiatre
…Beaucoup de personnes souffrant d’autisme sont des penseurs visuels. Je pense avec des images. Je ne pense pas avec des mots. Toutes mes pensées se comparent, dans mon imagination, à une course sur vidéo. Les images sont ma première langue et les mots mon deuxième langage. Les noms demeuraient les mots les plus faciles à apprendre parce que je pouvais fabriquer, de ce mot, une image dans mon esprit.
Eviter les longues tirades de directives verbales. Les personnes souffrant d’autisme n’arrivent pas à se mémoriser la séquence des événements. Si l’enfant peut lire, écrivez les directives sur un morceau de papier. Moi, je suis incapable de me rappeler les séquences. Si je demande la direction d’une station service, je ne peux me souvenir que des trois premiers pas. Les directions comprenant plus de trois pas doivent m’être écrites. J’ai aussi de la difficulté à me souvenir des numéros de téléphone car je ne peux en faire une image dans mon esprit. …
J’avais la pire écriture de toute ma classe. Beaucoup d’enfants autistiques ont des problèmes manuels de coordination motrice. Une écriture bien formée peut devenir quelquefois très difficile. L’enfant vit alors une frustration totale. Pour réduire la frustration, aidez l’enfant à se plaire dans l’écriture ; laissez le taper des lettres sur l’ordinateur. La dactylographie devient souvent plus facile que l’écriture manuelle….
Quand j’étais enfant, les sons bruyants comme la cloche de l’école me blessaient les oreilles comme la foreuse du dentiste qui touche le nerf d’une dent. Les enfants autistiques ont besoin d’être protégés des sons qui blessent leurs oreilles.
Les sons qui les agressent le plus seront ceux de la cloche de l’école, les systèmes d’alarme ou d’alerte du mur du gymnase, le son de la chaise qui grince sur le plancher. Dans beaucoup de cas, l’enfant pourra tolérer la cloche ou l’interphone si on l’assourdit légèrement par du bourrage, des tissus ou du rubans adhésifs. Le grincement des chaises peut s’amortir en plaçant des parcelles de balles de tennis au bout des pattes ou en installant une moquette. Un enfant peut avoir peur d’une pièce de la maison parce qu’il craint le bruit soudain et criard du système d’alarme. La peur appréhendée d’un son peut entraîner un comportement inadéquat.
Les distractions visuelles et les lumières fluorescentes ennuient certaines personnes autistiques. Ils peuvent percevoir le vacillement des ondes électriques à 60 cycles.
Pour éviter ce problème, placez le bureau de l’enfant près de la fenêtre ou évitez l’utilisation de lumières fluorescentes.
Quelques autistiques répondront mieux, auront un meilleur contact visuel et réparties verbales si le professeur interagit avec pendant qu’ils s’amusent sur une balançoire ou se roulent dans un tapis.
L’impact sensoriel du balancement ou de la pression du tapis favorise quelques fois le développement de la parole. Le balancement doit toujours demeurer un jeu. On ne doit jamais l’imposer de force.
Quelques enfants et adultes peuvent mieux chanter que parler. Ils peuvent mieux répondre si on leur chante les mots et les phrases. Mais certains enfants très sensibles d’oreille répondront mieux si le professeur leur parle en murmurant.
Certains enfants et adultes non verbaux ne peuvent pas, en même temps, assimiler les stimuli visuels et auditifs. Ils fonctionnent sur un seul réseau. Ils ne peuvent pas voir et entendre en même temps.
On ne doit pas leur demander de regarder et d’écouter en même temps.
On doit leur donner l’une ou l’autre tâche visuelle ou auditive.
Leur système nerveux n’a pas la maturité d’intégrer la stimulation visuelle et auditive en même temps.
Une perspective développementale par Kerry HOGAN
PENSÉE NON VERBALE, COMMUNICATION, IMITATION ET COMPÉTENCES DE JEU:
UNE PERSPECTIVE DÉVELOPPEMENTALE
Kerry Hogan. Août 1997. Révision 2 Septembre 1997
Traduction (Janvier 1998) : Evelyne ARTI-VARTAYAN, Neuropsychologue, A.F.E.E., E.D.I. Formation
Avec l'autorisation de l'auteur
Tous les enfants, autistes ou non, progressent par une série de niveaux développementaux lors de l'acquisition de nouvelles compétences. Cette présentation se propose de remplir deux objectifs. Tout d'abord, nous décrirons les stades du développement observés dans la pensée non verbale, la communication, l'imitation et le jeu. De nombreux parents ont trouvé utile de se familiariser avec ces stades de façon à identifier le niveau actuel de développement de leur enfant afin de planifier les objectifs futurs. Ensuite, certains modèles d'activités ont également été intégrés pour illustrer les techniques d'enseignement qui peuvent être adaptées à ces différents niveaux de développement. La plupart de ces stades de développement sont communs à la fois aux enfants autistes et aux enfants se développant normalement. Cependant, les activités d'apprentissage décrites ici, sont spécifiquement adaptées aux styles d'apprentissage des enfants autistes.
Les enfants autistes présentent habituellement un profil de développement irrégulier caractérisés par des compétences non verbales plus élevées. Les activités d'enseignement sont mieux intégrées quand on les adapte au niveau développemental présent de l'enfant. Quelque soit le point de départ de chaque enfant, tous vont acquérir plus de compétences et chacun franchira chaque étape de développement à sa propre allure. Les activités proposées ci-dessous sont destinées à fournir des exemples favorisant le développement à chacun de ces stades. Bien que quelques suggestions plus avancées soient incluses, les stades de développement décrits ici relèvent plus de l'apprentissage précoce, s'adressant ainsi plus aux parents de jeunes enfants. Ces suggestions sont loin d'être complètes et devront être adaptées pour utiliser à son avantage les points forts et les intérêts de chaque enfant pris individuellement.
Compétences Non Verbales ou de Pensée Visuelle
Ce domaine est un point fort des enfants autistes. Lorsque vous enseignez une compétence nouvelle, essayez de penser à la manière dont vous pourriez enseigner cette compétence visuellement. Les chances de réussite seront plus grandes quand vous utilisez systématiquement une approche visuelle pour enseigner une nouvelle compétence.
Tri et Appariement Simples
1/ La première chose qu'un enfant apprend dans ce domaine est de coordonner ses compétences visuelles avec ses compétences motrices. Dans la forme la plus simple cela concerne l'aptitude à regarder un objet, à l'atteindre et à l'attraper. Une fois qu'un enfant peut tenir des objets, il peut apprendre à les manipuler de manière plus complexe comme mettre les objets à certains endroits indiqués visuellement de manière évidente. Cette compétence peut être développée, en partie, en faisant ressortir la zone ou la boîte dans laquelle vous voulez que votre enfant place chaque objet. Par exemple, quand il y a seulement un trou sur le dessus de la boîte, il devient facile pour un enfant de voir où mettre l'objet. Par ailleurs, certains enfants apprendront à sortir les objets des boîtes avant de commencer à placer les objets dans les boîtes.
2/ Ensuite, un enfant apprendra à différencier les objets les uns des autres. Ceci est la première étape dans l'apprentissage du tri. L'un des meilleurs moyens d'enseigner cette compétence est de mettre en place une tâche de tri éliminant les possibilités de faire des erreurs. Par exemple, vous pouvez fabriquer une boîte avec une ouverture étroite pour placer des cartes et une ouverture carrée pour placer des cubes. Aucun objet ne pourra s'encastrer dans l'ouverture pour l'autre objet, et ainsi il sera très clair que certains objets sont différents des autres et vont à des endroits différents.
3/ Une fois qu'un enfant a appris à trier les objets dans une tâche où il n'y avait pas de risque d'erreur, il peut apprendre à trier deux objets dans des boîtes semblables. Par exemple, votre enfant peut apprendre à mettre des cuillères dans l'une des boîtes et des balles dans l'autre. Il est plus facile d'apprendre cette tâche si vous utilisez des objets très visiblement différents, des boîtes transparentes, pour que votre enfant puisse voir les objets qui vont dans chaque boîte et si vous placez les modèles de chaque objet clairement sur ou dans chaque boîte. Votre enfant trouvera aussi qu'il est plus facile de trier des objets si les objets dans chaque catégorie sont identiques (ex : des cuillères en plastique blanc toutes identiques et des balles de tennis jaunes toutes identiques).
A mesure que votre enfant acquiert la capacité au tri d'objets, vous pouvez changer certaines caractéristiques de la tâche. Il est important de se souvenir, cependant, de ne changer seulement qu'un aspect de la tâche à la fois pour ne pas embrouiller votre enfant ou l'irriter. Par exemple, vous pouvez proposer à votre enfant de trier des groupes d'objets qui sont de plus en plus ressemblants (ex : à la place des cuillères et des balles, trier des cuillères et des couteaux) mais vous ne devrez pas introduire ce changement en même temps que vous commencerez à utiliser des boîtes opaques.
4/ Un autre type de tri est appris relativement tôt, c'est la capacité à trier à partir de caractéristiques concrètes des objets, comme la couleur et la forme. Là aussi, commencez en rendant cette tâche aussi facile que possible. Par exemple, commencez par lui faire trier par couleur des objets plutôt que des images. La mise en ordre d'objets est plus facile car les objets se différencient par des caractéristiques supplémentaires par rapport aux images. Par conséquent, les différences entre objets seront probablement plus significatives pour votre enfant que les différences entre images. Au fur et à mesure que les objets deviennent de plus en plus ressemblant votre enfant deviendra plus attentif à la couleur comme trait distinctif. Par exemple, vous pouvez progresser en allant du tri de cuillères blanches et de balles de tennis jaunes au tri entre balles de tennis jaunes et balles en mousse rouges, et puis au tri entre balles en mousse rouges et balles en mousse jaunes.
5/ Les puzzles sont également des tâches de tri car votre enfant apprend à placer différents objets en différents endroits. Les puzzles sont comme les tâches de tri sans erreur possible décrites précédemment car chaque pièce peut uniquement s'adapter à un seul endroit. Les puzzles les plus faciles sont les encastrements où les pièces ne peuvent se placer que dans l'emplacement de même forme. Ces puzzles peuvent être même rendus plus faciles en copiant l'image visible sur la pièce du puzzle et en la plaçant dans l'emplacement où la pièce doit s'encastrer. Les puzzles de ce genre seront assimilés longtemps avant que les puzzles ordinaires ne soient maîtrisés. Choisissez des puzzles compatibles avec les compétences motrices de votre enfant. Habituellement les jeunes enfants commencent avec des puzzles qui possèdent de grandes pièces et des poignées pour aider à tenir et à manipuler chaque pièce.
6/ L'appariement est une compétence visuelle plus difficile. Apparier est souvent plus difficile que trier parce que cela n'implique pas de placer les objets appariés dans des boîtes, ainsi la tâche est visuellement moins évidente. Les gens pensent habituellement l'appariement en terme d'activité impliquant l'appariement d'images, de lettres, de nombres, etc. Cependant, apparier pourra également inclure les activités qui nécessitent de mettre ensemble des objets identiques ou des objets avec des images ou des photo.
7/ Une fois que votre enfant a acquis la capacité de trier une variété d'objets de différents types, vous pouvez évaluer s'il comprend ou non les images. Une façon d'évaluer cette compétence est de voir si votre enfant peut apparier les objets aux images. La première étape de cette compétence est de voir s'il est capable d'apparier un objet à une image de même taille et de même couleur que l'objet. Cette tâche est même facilitée si le modèle en image est présenté sous forme d'encastrement afin que l'objet s'adapte effectivement à l'image. Vous pouvez créer une image encastrée en découpant la forme de l'objet dans une plaque de polystyrène, en collant l'image à la taille réelle dans ce trou sur une deuxième plaque de polystyrène, elle même collée sous la première. Une fois que votre enfant peut apparier les objets dans un emplacement présentant une image identique à l'objet, vous pouvez essayer l'appariement d'objets à des images plates, l'appariement d'objets à des images plus petites ou quelque peu différentes par la couleur des objets à apparier (ex: images en noir et blanc).
L'étape suivante dans l'apprentissage concernant les images est de faire en sorte que votre enfant apparie des objets et des images non identiques. Par exemple, vous pouvez revenir au tri en plaçant une image à l'extérieur d'une boîte opaque et puis demander à votre enfant de trier les objets en les appariant aux images placées sur les boîtes.
L'acquisition de l'appariement des objets aux images est une étape importante avant de commencer les activités qui proposent l'appariement d'images à d'autres images. L'étape objet/image assure que notre enfant comprend la signification des images et pas seulement le fait qu'il y ait différentes images qui peuvent être triées ou appariées à partir de leurs caractéristiques visuelles.
Différents types d'images peuvent avoir plus ou moins de signification pour votre enfant. Il vous faudra expérimenter pour voir ce qui marche le mieux. Certains enfants trouvent les photos faciles à comprendre. Pour d'autres enfants les photos sont trop littérales. Ils pensent qu'une photo ne peut représenter que l'objet qui est précisément sur l'image et pas un autre objet. Les enfants qui réagissent de cette manière aux photos seront susceptibles de mieux réussir avec des dessins. Au fur et à mesure qu'un enfant améliore ses compétences d'appariement et sa compréhension des images, on pourra utiliser des images plus abstraites. Par exemple, de simples dessins au trait peuvent éventuellement être utilisés pour être appariés aux objets qui ont cette forme.
8/ Lorsque vous êtes certain que votre enfant comprend les images, vous pouvez essayer les tâches qui impliquent le tri d'images entre elles. Ici aussi, commencez avec les types de tâches qui facilitent le tri. Par exemple dans chaque groupe, les images devront être identiques et il devra y avoir les modèles des images à l'extérieur de chaque boîte. Vous pouvez même placer les images sur des types de cartes différentes pour mettre en évidence les différences entre les images. A mesure que votre enfant acquiert ces formes de tri plus faciles, vous pouvez évoluer vers des types de tris plus difficiles tout comme vous l'avez fait avec les objets.
L'Objectif du Tri:
De nombreux parents demandent pourquoi nous passons tant de temps à enseigner aux enfants à trier des objets et des images.
Tout d'abord, le tri est une activité qui plaît aux enfants autistes parce qu'elle tient compte de leurs aptitudes visuelles. Quand un enfant commence à savoir s'asseoir et à travailler, il est utile de lui proposer des tâches ayant un sens et aisées à maîtriser.
Deuxièmement, le tri attire l'attention d'un enfant vers les différences entre objets. Les enfants non autistes peuvent apprendre ces différences par le langage. Ils poseront des questions telles que "qu'est-ce que c'est?" et les adultes leur enseigneront les expressions verbales qui donnent un sens aux différences entre objets. Les mots n'ont pas autant de sens pour les enfants atteints d'autisme alors que les différences visuelles en ont.
Troisièmement, quand un enfant a appris à trier des objets et des images à partir de leurs différences visuelles, il est préparé à apprendre d'autres concepts plus difficiles au travers du processus de tri. Il est également capable de commencer à apprendre les noms des objets parce que les différences entre objets ont déjà attiré son attention, donnant plus de signification aux formes verbales d'expression. Les étapes du développement visuel exposées ci-dessous décrivent comment des concepts plus complexes peuvent être enseignés visuellement.
Techniques plus Complexes de Tri et d'Appariement
9/ Lorsqu'un enfant a appris à trier des images et des objets identiques, il peut commencer à trier des objets qui ne sont plus identiques mais qui appartiennent tous à la même catégorie. En reprenant l'exemple du tri de cuillères et de balles, l'enfant qui sait maintenant trier des cuillères en plastiques identiques et des balles de tennis identiques peut alors commencer à trier des cuillères de tailles et de types différents et des balles de tailles et de types différents. Ceci attire l'attention de l'enfant vers l'idée que les objets appartiennent à des catégories: que les cuillères ne sont pas seulement des cuillères en plastique blanc, mais ce sont des choses qui ont un manche et une partie incurvée au bout. L'apprentissage des catégories est un type d'apprentissage conceptuel. Presque toutes les catégories ou les concepts peuvent être enseignés visuellement. La notion de couleur peut être enseignée en demandant à l'enfant de trier des images différentes mais qui ont toutes la même couleur.
10/ Les concepts et les compétences scolaires peuvent également être enseignés par cette méthode. Lettres et nombres peuvent être triés. Par exemple, les mots commençant par "B" et par "T" peuvent être triés dans des boîtes où sont affichées les lettres "B" ou "T". Les mots peuvent être enseignés de manière globale en triant des mots différents. Les concepts de nombres peuvent être enseignés en appariant une carte avec plusieurs gommettes à une carte où est écrit le nombre correspondant.
Des concepts simples tels que "même" et "différent" peuvent être enseignés en utilisant le tri. Vous pouvez donner à votre enfant plusieurs sacs d'objets, certains contenant des objets identiques et certains contenant des objets différents. En apprenant à faire attention aux différences entre les deux objets, votre enfant peut apprendre que certains objets sont les mêmes et d'autres sont différents.
11/ Trier et apparier peuvent être utiles pour développer le langage car cela donne à l'enfant de nombreuses occasions d'entendre l'expression verbale associée à une indication visuelle telle qu'un objet ou une image. A chaque fois que votre enfant met un objet dans une boîte vous pouvez prononcer le mot qui correspond à l'objet. Par exemple, quand votre enfant trie les cuillères et les balles vous pouvez simplement dire "cuillère" ou "balle" à chaque fois qu'il met une cuillère (ou une balle) dans la boîte. N'oubliez pas d'utiliser le mot que vous voulez que votre enfant utilise. Par exemple, votre enfant aura plus de chance d'utiliser le mot "balle" plutôt que l'expression "balle de tennis". Les enfants capables de parler qui entendent de façon répétée l'expression verbale associée de manière pertinente à un objet, peuvent commencer à répéter le mot durant la tâche et peuvent éventuellement commencer à l'utiliser dans des contextes naturels. Les enfants non verbaux qui entendent ce terme ont plus de chance de comprendre ce terme quand ils l'entendent dans d'autres situations.
Ces étapes du développement des compétences de pensée visuelle ont été décrits en détail car c'est une façon extrêmement importante d'apprendre pour les enfants atteint d'autisme. Presque tout ce que nous enseignons impliquera d'une certaine manière des compétences visuelles. A chaque fois que vous enseignez un concept vous devez vous assurer que la tâche a un sens pour votre enfant. Utiliser des instructions visuelles est un des meilleurs moyens de s'assurer que ce que votre enfant apprend a une signification.
Communication
Tous les enfants franchissent certaines étapes en apprenant à communiquer. Les enfants autistes passent par les mêmes étapes mais peuvent rester à un même niveau pour une période de temps plus longue ou peuvent passer par ces étapes dans un ordre différent. Il existe également certains modes de communication qui vont favoriser le développement de la communication chez des enfants autistes mais qui ne sont pas toujours nécessaires pour les enfants qui se développent normalement. Voici les étapes du développement de communication constatées à la fois chez les enfants se développant normalement et chez les enfants autistes.
1/ Exprimer ses besoins. Ceci est le type de communication le plus élémentaire. Exprimer ses besoins implique de donner des indications sur un besoin sans nécessairement diriger la communication vers une autre personne. A ce stade l'enfant peut ne disposer que d'une façon unique de communiquer des besoins multiples et différents. Par exemple, un bébé pleure quand il a faim mais il pleure également quand il a sommeil.
2/ Exprimer des besoins spécifiques. Il s'agit habituellement de communication au travers d'une activité physique comme atteindre les objets, emmener une personne vers un objet, apporter un objet à une personne ou mettre la main d'une personne sur un objet. A ce stade l'enfant a une idée spécifique concernant son besoin et il essaie de communiquer ce besoin. Les intentions de l'enfant, cependant, peuvent ne pas toujours apparaître très claires à l'adulte.
Si votre enfant éprouve des difficultés à passer du stade d'expression des besoins généraux à l'expression de besoins spécifiques vous pouvez l'aider en créant des situations dans lesquelles il peut se servir de la communication à propos d'objets ou de besoins spécifiques. Utilisez votre propre connaissance sur ce que votre enfant aime ou n'aime pas pour créer des situations dans lesquelles votre enfant sera motivé pour communiquer. L'objectif de cet exercice est de fournir des occasions répétées pour l'engager dans une communication réussie et motivante. Même lorsque votre enfant n'est pas capable de communiquer de manière appropriée, donnez lui ce qu'il désire et en même temps que vous le faites, montrez lui comment communiquer. Voici quelques exemples de ces situations.
Mettez une nourriture que votre enfant aime beaucoup dans un bocal qu'il ne peut pas ouvrir. Montrez le bocal à votre enfant afin qu'il puisse voir la nourriture puis déposez-le à portée de main de votre enfant. Voyez ce qu'il entreprend pour communiquer. Il peut juste tendre la main vers le bocal ou peut faire quelque chose de plus spécifique tel que placer votre main sur le bocal. Acceptez tous ces gestes comme des tentatives de communication et donnez la nourriture à votre enfant. Si votre enfant ne communique pas du tout, montrez lui alors comment communiquer en prenant sa main et en la dirigeant vers le bocal, puis donnez-lui la nourriture. N'oubliez pas de faire que ces situations soient amusantes et réussissent pour votre enfant. En comprenant que la communication peut apporter une récompense, votre enfant sera plus enclin à communiquer par le futur.
Voici d'autres situations qui pourraient motiver votre enfant: placer un jouet à un endroit en hauteur pour que votre enfant ait à communiquer pour l'obtenir. Donner à votre enfant son puzzle favori mais en gardant une pièce, ainsi il va avoir à s'adresser à vous pour obtenir la pièce manquante. Créez un scénario social, tel qu'un jeu de chatouilles. Essayez de dire quelque chose comme "1, 2, 3" ou "je vais t'attraper" et puis chatouillez votre enfant. Recommencez jusqu'à ce qu'il commence à anticiper que vous allez le chatouiller. Finalement, quand votre enfant aura compris le scénario, arrêtez et voyez si votre enfant fait quelque chose pour obtenir que vous recommenciez.
3/ Utiliser des gestes: des gestes communicatifs tels que "pointer", "aller du regard alternativement d'un objet à une autre personne", "hausser les épaules" et bien d'autres gestes usuels. Ce type de communication est habituellement difficile pour les enfants autistes et souvent n'émerge que tardivement dans leur développement. Les expressions gestuelles sont difficiles pour les enfants autistes car elles transmettent usuellement une information sociale ou une information au sujet d'idées intérieures. Par exemple, les enfants "pointent" souvent pour exprimer leur intérêt ou "haussent les épaules" pour communiquer qu'ils ne savent pas. La connaissance et l'intérêt sont des idées intérieures. De nombreux enfants autistes peuvent rater cette étape du développement de la communication ou commencent à utiliser les gestes après avoir développé des formes plus complexes de communication.
4/ Attention Conjointe: l'utilisation de l'attention conjointe est un aspect difficile de l'expression gestuelle pour les enfants autistes. L'attention conjointe est la capacité à partager son attention avec une autre personne où les deux personnes prêtent attention au même objet. Par exemple, pointer vers un objet pour montrer son intérêt fait partie de l'attention conjointe.
Une manière d'aider les enfant à développer leur capacité à l'attention conjointe est de rendre ce type de communication plus concret. Par exemple, vous pouvez toucher l'objet sur lequel vous pointez plutôt que de le faire à distance.
Une activité qui peut contribuer au développement de l'attention conjointe est de créer des situations dans lesquelles l'attention conjointe a plus de chance d'apparaître. Par exemple, lire des livres d'images est une activité qui implique souvent l'attention conjointe. Pendant la lecture d'un livre, pointez une image et nommez l'image tout en regardant alternativement le livre et votre enfant. Ceci montre à votre enfant une forme d'attention conjointe qu'il peut imiter.
Créer des surprises peut également solliciter l'attention conjointe. Il existe plusieurs façons de le faire. Vous pouvez mettre plusieurs objets qui intéressent votre enfant dans un sac et à tour de rôle, les sortir du sac. Ou vous pouvez cacher certains jouets dans toute la maison et partir à la recherche de ces jouets. Quand vous trouvez le jouet ou le sortez du sac exagérez votre manière de réagir et de façon très délibérée regardez alternativement votre enfant et le jouet ou pointez et faites une simple remarque verbale telle que, "regarde ! un lapin !". Quand vous exagérez votre surprise et partagez cette surprise avec votre enfant, il a plus de chance de remarquer ce type de communication.
Finalement, vous pouvez créer des situations dans lesquelles quelque chose d'inattendu se produit. Cela nécessite un peu de créativité pour faire en sorte que ça arrive, mais vous avez la meilleure connaissance de votre enfant et êtes le mieux placé pour faire cela. Par exemple, si votre enfant aime les "Smarties" et déteste les "corn flakes", vous pouvez faire semblant de verser des "corn flakes" d'une boite de céréales en ayant auparavant mis des "Smarties" dedans pour que des "Smarties" sortent de la boîte. Si vous avez un jouet télécommandé, vous pouvez actionner le jouet lorsque votre enfant ne s'y attend pas. Là aussi, créer ce type de situation vous donne l'occasion de pratiquer l'attention conjointe plutôt que d'attendre que ces circonstances apparaissent de façon fortuite.
5/ L'étape suivante de communication est habituellement très utile pour les enfant autistes mais qu'on ne voit généralement pas dans le développement normal. Cette étape consiste en l'emploi d'une information visuelle pour communiquer (classeur PECS).